Un client m’appelle un lundi matin : « On m’a cambriolé, l’alarme n’a jamais sonné… pourtant mes détecteurs de mouvement Zigbee remontaient bien sur mon application domotique ». Après analyse, rien de mystérieux : un hub domotique non sécurisé, un scénario mal configuré, aucun lien réel avec la télésurveillance. Résultat : une “maison connectée”… mais pas protégée.
Si vous regardez les détecteurs de mouvement Zigbee pour renforcer votre sécurité, vous êtes probablement entre deux mondes : celui de la domotique et celui de l’alarme professionnelle. L’objectif de cet article est simple : vous aider à intégrer ces capteurs intelligents dans un système d’alarme connecté sans affaiblir votre sécurité.
Pourquoi s’intéresser aux détecteurs de mouvement Zigbee en sécurité ?
Sur le terrain, je vois de plus en plus :
des particuliers qui veulent relier leurs détecteurs de mouvement à leurs ampoules connectées, caméras, volets…
des TPE/PME qui utilisent déjà des passerelles Zigbee (pour l’éclairage, la GTB, le suivi énergétique) et se disent : « Pourquoi pas la détection intrusion ? »
des installateurs qui mixent alarme radio propriétaire + capteurs Zigbee pour la partie « confort » et automatisations.
La tentation est logique : les détecteurs Zigbee sont peu chers, simples à intégrer, et on les trouve partout (Amazon, grandes surfaces de bricolage, boutiques domotiques…).
Mais en sécurité, chaque fois que vous ajoutez un maillon (protocole, box, cloud, scénario logiciel), vous créez aussi un point de faiblesse. L’enjeu n’est donc pas de savoir si Zigbee est « bien » ou « mal », mais où il est pertinent dans une architecture d’alarme, et comment l’utiliser sans créer de failles.
Zigbee en deux minutes : ce que vous devez vraiment savoir
Zigbee, ce n’est pas “encore un Wi-Fi”. C’est un protocole radio basse consommation, pensé pour les objets connectés. Quelques points clés pour la sécurité :
Fréquence : 2,4 GHz (comme le Wi-Fi), avec aussi des variantes sur 868/915 MHz selon les pays et matériels.
Portée : typiquement 10 à 30 m en intérieur entre deux équipements, mais le protocole fonctionne en maillage (mesh) : chaque appareil alimenté secteur peut relayer le signal.
Consommation : très faible, donc parfait pour des détecteurs sur pile (plusieurs années d’autonomie possible).
Sécurité : chiffrement AES-128 prévu par le standard, mais la qualité de l’implémentation dépend du fabricant et de la passerelle.
Dépendance : un détecteur Zigbee n’est pas autonome : il a besoin d’un coordonateur (gateway, box domotique, clé USB sur serveur, etc.).
En clair : Zigbee est un bon candidat pour faire parler ensemble capteurs, éclairage, prises, sirènes, volets… Mais ce n’est pas, à lui seul, un système d’alarme.
Atouts et limites des détecteurs Zigbee pour un système d’alarme
Voyons d’abord ce qui attire vers ces produits, puis ce qui, côté sécurité pure, doit vous faire lever un sourcil.
Les atouts :
Coût d’entrée bas : un détecteur de mouvement Zigbee grand public se trouve entre 15 et 40 €, là où un détecteur radio propriétaire certifié peut monter à 80–150 €.
Intégration domotique : facile de créer des scénarios du type « détection mouvement → allumage lumière → envoi notification → capture caméra ».
Maillage radio : plus vous avez de modules Zigbee alimentés (prises, ampoules, modules encastrés…), plus la couverture radio s’améliore.
Écosystème large : compatibilité avec beaucoup de box (Jeedom, Home Assistant, eedomus, Zigbee2MQTT, etc.).
Les limites côté sécurité :
Dépendance forte à une box ou un hub : si la passerelle plante, redémarre ou met à jour son firmware au mauvais moment… vos détecteurs deviennent muets.
Fiabilité variable selon les marques : entre un capteur à 10 € et un modèle pro, la différence de stabilité et de qualité de détection est énorme.
Latence : sur une bonne install, la latence reste faible, mais j’ai déjà vu des scénarios déclencher une sirène avec plus de 2 secondes de retard. En intrusion, 2 secondes, c’est long.
Homologation : la plupart des détecteurs Zigbee grand public ne sont pas certifiés NFA2P ou EN50131. Pour une assurance, une banque, un site sensible, c’est rédhibitoire.
Conclusion intermédiaire : pour la domotique sécurité+confort, Zigbee fait très bien le job. Pour constituer le cœur d’un système d’alarme critique, c’est plus discutable.
Intégrer un détecteur Zigbee à une alarme connectée : 3 scénarios fréquents
Sur le terrain, je rencontre surtout trois architectures. Chacune a ses avantages, ses risques et ses usages typiques.
Scénario 1 : Zigbee comme couche “confort” autour d’une vraie alarme
C’est ce que je recommande le plus souvent.
Le système d’alarme principal (centrale, détecteurs, sirène, transmission GSM/IP) utilise un protocole radio propriétaire ou filaire, certifié, suivi par un installateur ou un télésurveilleur.
Les détecteurs Zigbee servent à piloter l’éclairage, journaliser des passages, déclencher une caméra, simuler une présence.
Les deux mondes communiquent éventuellement via des entrées/sorties filaires ou une API, mais la mise en alarme / levée de doute / transmission alerte reste gérée par le système d’alarme.
Dans ce schéma, si la domotique tombe, l’alarme continue de protéger. C’est ce qu’on veut.
Scénario 2 : Alarme “logicielle” 100 % Zigbee + box domotique
C’est souvent ce que l’on voit chez les bricoleurs avancés :
Des détecteurs de mouvement Zigbee + contacts d’ouverture Zigbee + sirène Zigbee.
Une box (Home Assistant, Jeedom, Homey, etc.) qui gère les scénarios : “mode armé”, “nuit”, “présence”, alertes push, etc.
Une éventuelle intégration à des services cloud (notifications, scénarios complexes, vidéo).
Est-ce que ça peut fonctionner ? Oui, si c’est bien fait. Est-ce que je le recommande comme seul système pour un commerce, un entrepôt ou même une résidence principale isolée ? Non.
Les risques typiques que j’ai constatés :
mise à jour automatique qui casse une intégration Zigbee2MQTT la veille d’un départ en vacances ;
perte du réseau Zigbee après coupure prolongée de courant, nécessitant redémarrage manuel du hub ;
fausses alertes non traitées, car pas de télésurveillance ni de procédure claire d’escalade.
Scénario 3 : Utiliser Zigbee comme extension d’entrée sur une alarme pro
C’est un peu plus technique, mais très efficace quand c’est bien maîtrisé :
Une box domotique reçoit les événements Zigbee (mouvement, température, ouverture…).
En cas de détection jugée critique, la box ferme ou ouvre un relais, ou envoie un signal sur une entrée filaire de la centrale d’alarme.
La centrale gère ensuite la logique d’alarme (sirènes, transmission, télésurveillance).
Avantage : vous pouvez ajouter des capteurs Zigbee là où il serait trop coûteux ou complexe de tirer un câble ou d’ajouter un détecteur propriétaire, tout en conservant une vraie logique d’alarme derrière. Inconvénient : il faut un intégrateur qui maîtrise vraiment les deux environnements.
Points de vigilance sécurité : là où ça se complique
Dès qu’on mélange alarme et domotique, quelques sujets sensibles apparaissent. Mieux vaut les regarder en face.
1. Résilience aux coupures électriques et Internet
Alarme pro : alimentation secourue, batterie, double voie de transmission (GSM + IP), état supervisé.
Écosystème Zigbee : dépend de la box/hub, du routeur, éventuellement du cloud du fabricant.
Question simple à vous poser : que se passe-t-il si :
votre box Internet tombe en rade ;
vous avez une coupure de courant de 4 heures ;
le cloud du constructeur est en maintenance ?
Si la réponse est “plus d’alarme”, il y a un problème.
2. Sécurité logique : accès à la box, mises à jour, mots de passe
Beaucoup de box domotiques sont très mal sécurisées :
mots de passe par défaut ;
interface exposée sur Internet sans VPN ;
add-ons non mis à jour ;
logs et backups laissés en clair.
Pour un cambrioleur un peu technicien, une ouverture de port mal configurée sur la box domotique peut suffire à neutraliser alarmes “logicielles” et automatisations. Un système d’alarme certifié est conçu pour résister à ce type d’attaques ; une installation domotique maison, beaucoup moins.
3. Qualité de détection : pas tous les détecteurs Zigbee se valent
J’ai testé des détecteurs Zigbee très corrects… et d’autres incapables de détecter un passage lent à 4 mètres de distance. Problème : sur la fiche produit, tout le monde promet « détection 9-12 m, angle 120° ».
En pratique, regardez :
la zone de détection réelle (courbe fournie par le fabricant, quand elle existe) ;
la stabilité (fausses alarmes sur soleil, chauffage, animaux ?) ;
la sensibilité paramétrable ou non ;
le retour d’expérience d’utilisateurs en usage sécurité, pas juste domotique.
Comment choisir un détecteur de mouvement Zigbee fiable ?
Avant de cliquer sur « Ajouter au panier » pour un capteur à 9,90 €, vérifiez quelques critères simples.
1. Marque et écosystème
Privilégiez des marques qui ont un historique en sécurité ou en domotique fiable (Philips Hue, Aqara, Sonoff pro, Bosch, etc.).
Vérifiez la compatibilité avec votre hub ou box (liste officielle, retours réels sur forums / communauté).
2. Autonomie et alimentation
Ciblez une autonomie réelle d’au moins 2 ans en usage normal (un capteur qu’il faut changer tous les 6 mois finit par ne plus être changé du tout…).
Vérifiez la facilité de remplacement des piles (type CR123, CR2450, AA…).
Assurez-vous d’avoir un retour de niveau de batterie exploitable dans votre box.
3. Paramétrage de la détection
Délai de repos entre deux détections (certains capteurs restent “occupés” 30 à 60 secondes).
Réglage possible de la sensibilité.
Gestion des animaux (pet immunity) : souvent absente sur les modèles grand public, à garder en tête si vous avez un chien ou un chat.
4. Fixation et environnement
Hauteur de pose recommandée (souvent 2,1 à 2,4 m).
Résistance aux variations de température, à l’humidité (pour garage, cave, entrée non chauffée).
Possibilité d’orienter / incliner le détecteur pour éviter des sources de chaleur directes.
5. Mises à jour firmware
Capacité à mettre à jour le firmware via votre système (OTA).
Fréquence des mises à jour de la marque, et historique de corrections de bugs de sécurité.
Exemple de configuration type (maison ou petit local pro)
Pour rendre tout cela concret, voici un scénario que j’ai déjà mis en place, qui fonctionne bien pour une maison ou un petit commerce.
Architecture générale :
Une centrale d’alarme professionnelle (radio propriétaire ou filaire) avec détecteurs d’ouverture sur les accès principaux, quelques détecteurs de mouvement stratégiques, sirènes intérieure + extérieure, transmission GSM/IP vers télésurveillance.
Une box domotique (par exemple Home Assistant ou Jeedom) avec clé Zigbee ou gateway dédiée.
Un réseau d’une dizaine de modules Zigbee alimentés (prises, modules encastrés, quelques ampoules) pour mailler correctement la maison / le local.
Usage des détecteurs Zigbee :
Dans les zones secondaires : couloir, buanderie, cave, parking privé. Objectif : éclairage automatique, notification, enregistrement vidéo.
Extension d’information : les détections Zigbee servent à affiner la compréhension des déplacements (pour lever de doute vidéo, savoir si un mouvement est logique ou pas, etc.).
Scénarios combinés : si alarme armée ET mouvement Zigbee dans zone non protégée par l’alarme principale → envoi d’une alerte spécifique (SMS ou push renforcé) + déclenchement des caméras + allumage général de l’éclairage.
Ce que je ne confie pas à Zigbee :
La mise en marche / arrêt de l’alarme (elle reste gérée par le clavier, le lecteur de badge, l’appli officielle de la centrale).
La remontée principale d’alarme intrusion vers la télésurveillance.
Les zones critiques (coffre, réserve, stock sensible, bureau direction).
Résultat : on profite pleinement de la flexibilité et du coût des capteurs Zigbee, sans que leur éventuelle panne ou dérive ne compromette le niveau de sécurité attendu.
Checklist avant de déployer des détecteurs Zigbee dans votre système d’alarme
Pour terminer, voici une liste de contrôle directement actionnable. Si vous cochez ces points, votre projet part sur de bonnes bases.
Avez-vous défini ce qui relève de la vraie sécurité (intrusion, agression, protection de stock ou de données) et ce qui relève du confort / monitoring ?
Votre alarme principale reste-t-elle fonctionnelle et communicante en cas de panne Internet, de coupure de courant prolongée ou de crash de votre box domotique ?
Vos détecteurs de mouvement Zigbee sont-ils clairement identifiés comme “complémentaires” dans vos schémas et procédures ?
Avez-vous choisi des capteurs Zigbee d’une marque disposant d’un minimum de retour terrain et de mise à jour firmware régulière ?
Avez-vous vérifié la portée et la qualité radio Zigbee sur site (tests de déclenchement, monitoring RSSI, stabilité sur quelques jours) ?
Votre box / hub Zigbee est-il sécurisé (mots de passe uniques, pas d’accès direct depuis Internet sans VPN, mises à jour à jour, sauvegardes régulières) ?
Avez-vous des procédures claires pour les fausses alertes générées par la domotique (qui reçoit, qui traite, comment lever le doute) ?
Les utilisateurs finaux (collaborateurs, famille) savent-ils faire la différence entre une alerte domotique “confort” et une vraie alerte d’intrusion ?
Avez-vous documenté la liaison entre domotique et alarme (contacts secs, API, scénarios) pour que quelqu’un d’autre puisse reprendre ou dépanner l’installation ?
Avez-vous testé, en conditions réelles, un scénario d’intrusion incluant vos détecteurs Zigbee : entrée, détection, réaction des lumières, caméras, sirènes, notifications, télésurveillance ?
Les détecteurs de mouvement Zigbee peuvent clairement enrichir un système d’alarme connecté : scénarios plus intelligents, confort, meilleure compréhension de ce qui se passe sur site. À condition de garder une règle simple en tête : la domotique renforce la sécurité, elle ne la remplace pas. À vous de construire une architecture où un capteur à 20 € n’a jamais le dernier mot sur la protection de votre habitation ou de vos locaux.